Page:Sacher-Masoch - Sascha et Saschka (suivi de) La Mère de Dieu, 1886.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
6
SASCHA ET SASCHKA.

grandes et belles lettres, le titre de la feuille hebdomadaire, et, comme il eût été impossible à ces jeunes gens de copier leur rédaction plusieurs fois dans la semaine, en dehors de leurs études, le journal ne parut qu’à un seul exemplaire. Ce journal contenait des dissertations scientifiques, des récits, des poésies, des miscellanées littéraires.

La première année de sa fondation, Sascha écrivit une nouvelle intitulée l’Hôte dangereux, puis un petit poème épique, l’Invasion des Tartares, une romance sur la lune, un chant bachique (quoiqu’il n’eût jamais bu que de l’eau), et un article ayant pour titre : Observations sur le denier de Caron chez les habitants des monts Carpathes.

Après ces publications, ce ne fût pas sans une certaine fierté qu’il retourna au village où il devait passer les vacances chez ses parents : non pour se reposer, mais pour diriger son activité sur un autre point. Une autre grande idée avait germé dans son esprit.

Un peuple qui possède déjà une société littéraire de sept membres et un journal paraissant à un exemplaire, devait aussi avoir un théâtre, dont il se hâta de faire le plan. Quoique les efforts tentés par le pauvre théologien pour arriver à sa création fussent tournés en ridicule par ses concitoyens, il fit preuve de cet heureux instinct qui entraînait les habitants de la Petite-Russie à puiser les éléments de leurs poèmes, tantôt dans l’essence même des origines et du développement successif de leur peuple, tantôt dans les manifestations de la vie et au sein de la nature. C’est à ces tendances que la Russie doit toute une