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SASCHA ET SASCHKA.

les pinsons et les serins avaient coutume d’établir leur nid. Mais ces réunions n’avaient pas lieu tous les jours ; parfois les jeunes théologiens ne pouvaient converser entre eux que pendant une promenade faite sous la surveillance d’un professeur, ou dans les avenues de l’Université, lorsqu’ils allaient assister à des cours de logique et de physique. Nulle difficulté qui ne fût résolue dans ces petites assemblées dont les membres devaient chacun à leur tour rédiger le compte rendu.

Le journal que les Sept publièrent fut non seulement le premier journal rédigé dans la langue de la Petite-Russie, mais aussi le seul qui existât dans le pays. Il se trouvait donc dans les meilleures conditions, Il est vrai qu’il eût été bien loin de faire concurrence à la Revue des Deux Mondes ou à l’Athénéum.

Lorsqu’on enseignait jadis au séminaire l’histoire universelle aux enfants de la Petite-Russie, et qu’on leur disait que Gutenberg était l’inventeur de l’imprimerie, ils étaient entièrement libres d’y croire ou de n’y pas croire, mais aucun homme au monde, pas même Démosthènes, n’aurait pu leur persuader qu’ils profiteraient de cette belle découverte. À cette époque il n’existait en Galicie pas plus de livres que de journaux écrits dans la langue du pays, et il ne se trouvait de caractères cyrilliques dans aucune imprimerie.

Aussi la société littéraire dont Sascha était président n’avait-elle jamais songé à la publication de l’œuvre qu’elle venait de créer et qui avait pour titre l’Aurore. Elle se contenta de faire tracer par l’un d’eux, Pavlikov le Roux, expert en ce genre, avec de