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SASCHA ET SASCHKA.

— Il n’est point ici, répondit Karol.

— Mais je sais qu’il se bat.

— Sur ma parole, comtesse, aucune rencontre n’a encore eu lieu.

— Que voulez-vous dire ? » poursuivit Kasimira, regardant autour d’elle avec perplexité.

En cet instant arriva Marga, qui sortait de la maison.

« Un duel a lieu, lui cria Kasimira, on veut me tromper. »

Marga pâlit.

« Est-il vrai ? dit-elle. Pour l’amour de Dieu, Karol !

— Non, non, dit celui-ci, Saschka ne se bat pas aujourd’hui, c’est certain.

— Il vous l’a caché, dit la comtesse.

— Pardonnez, je ne pourrais l’ignorer, vu que je suis son témoin.

— Alors, avec qui donc se bat mon frère ? s’écria Kasimira, car il est certain qu’il se bat : il est parti avec Bartezki et ils ont mis deux sabres dans la voiture.

— Quel chemin ont-ils pris ? demanda Marga avec surexcitation.

Celui de Visla.

— Rendons-nous-y sans délai. »

En un instant les chevaux furent sellés, et les deux dames, accompagnées de Karol, partirent au galop pour Visla.

Presque au même moment Ogan, le chantre, apparaissait à la cure, pâle et les genoux tremblants. Spiridia, le voyant venir, le suivit dans la salle à manger, où il s’affaissa sur un siège.