Piontkowski. Celui-ci le reçut au jardin. Tandis qu’ils se promenaient dans la grande allée, Silvaschko s’acquitta de son message.
« Pardonnez-moi, dit le baron, mais c’est une absurdité.
— Qu’appelez-vous une absurdité ? s’écria Silvaschko. Monsieur, veuillez ne point oublier que je porte la livrée de l’empereur.
— Je ne puis cependant pas me battre avec son père, d’autant plus qu’il est ecclésiastique. D’ailleurs c’est le fils qui m’a insulté.
— Non pas, c’est de vous que vient l’insulte, dit Silvaschko en l’interrompant, et c’est lui qui vous a provoqué ; cela s’est passé régulièrement. Son père ne veut point consentir à cette rencontre, et c’est encore son droit, auquel vous n’avez rien à répliquer, puisque c’est vous qui êtes l’offenseur. Le curé, maintenant, vous provoque en duel, c’est encore dans les règles, et il ne vous reste plus qu’à choisir les armes et à vous battre aujourd’hui avec lui-même.
— Vraiment je ne le puis.
— Vous le devez, monsieur, sinon, à mon tour, je vous appelle sur le terrain, s’écria Silvaschko tandis qu’il roulait des yeux terribles ; et sachez qu’après moi c’est à tout l’état-major de mon régiment que vous aurez affaire.
— Je m’en rapporte à vous.
— Eh bien, les armes ?
— Le sabre.
— Nous pensions que ce serait le pistolet. »
Le baron rougit légèrement.