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SASCHA ET SASCHKA.

— Saschka ? Un duel avec qui ?

— Avec le baron Piontkowski.

— Mais cela n’est pas possible !

— Écoutez-moi. »

Et Marga, résumant avec émotion tout ce qui s’était passé, supplia Sascha de ne point consentir au duel.

« Vous pouvez l’empêcher, vous seul avez ce pouvoir, s’écria-t-elle en terminant. Il m’a dit, à moi qu’il prétend aimer, à moi qui l’aime de toute mon âme, que l’honneur exigeait qu’il se battît.

— Ne dites à personne que vous m’avez raconté cette affaire, repartit le curé, et reposez-vous-en sur moi. Saschka ne se battra point en duel ; moi, son père, je n’y consentirai point. »

Ayant dit ces mots, il donna une poignée de main à Marga, puis il se hâta de retourner au village.

« Non, non ! s’écria le curé en s’arrêtant, il ne doit pas mettre sa vie en danger ; je n’y consentirai point. Il ne se battra pas en duel ; je ne saurais l’y autoriser. Ne suis-je pas l’auteur de ses jours ; n’ai-je pas le droit de le lui défendre ? Assurément je l’ai, ce droit ! et j’en userai. »

Il se remit bientôt en route, mais ne tarda point à s’arrêter de nouveau.

« Pourtant, s’il a offensé le baron et s’il a été insulté par lui, un duel doit s’ensuivre, sinon l’honneur de mon fils sera compromis, et ce Polonais répandra partout le bruit que c’est un lâche. À quoi faut-il me résoudre ? Mon Dieu ! mon Dieu ! je ne trouve aucune solution. »

Le pauvre curé passa la main sur son front et de-