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SASCHA ET SASCHKA



« Une étoile vient de tomber du ciel ! »

Ainsi parlait une paysanne qui, les pieds nus et la tête coiffée d’un foulard rouge écarlate, apparaissait sur la porte de la cuisine, où elle essuyait la vaisselle. Elle avait suspendu un instant son travail et ses chants et venait d’interrompre dans ses études un jeune garçon au visage pâle assis devant un grand livre près de la fenêtre ouverte. Il avait vu aussi la brillante apparition, mais il savait bien, lui, que jamais une étoile ne tombe du ciel sur la terre.

La jeune fille reprit son chant ; il était mélancolique et s’élevait semblable à une plainte ; l’enfant se courba de nouveau sur son livre, fané par l’usage.

Pour lui, c’est en vain que la nuit déployait sa splendeur féerique, que l’air doux et rafraîchissant pénétrait par la fenêtre ouverte et se jouait mollement dans ses boucles brunes ; c’est en vain que le