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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Il ne fallait pas espérer, malgré cela, y trouver trace de négligence ; tout y était propre, poli comme un miroir. La maison en entier comprenait deux chambres et une cuisine au rez-de-chaussée, trois chambres au premier étage et un jardinet perché sur le vieux mur de la ville. C’était une antique bâtisse allemande, étroite, haute, avec pignon, balcon en saillie, petites colonnettes aux fenêtres et tête de turc pour marteau.

Entre deux fenêtres du premier étage, il y avait une image de Notre-Dame et au-dessous, surplombant l’entrée, la sentence en lettres gothiques : « Celui qui a foi en Dieu, aura solidement bâti. » Il n’y manquait ni le banc en pierre à la porte, ni le banc noir en bois sur le palier du premier étage, ni la tonnelle de chèvrefeuille dans le jardinet, d’où l’on découvrait les toits de la ville, un coin du ciel bleu et, dans le lointain, une colline avec de vrais arbres verts.

L’une des chambres du rez-de-chaussée était habitée par le véritable maître de la maison, le capitaine Gerling, frère de madame Andor, en tout et pour tout un vieux soldat, sans crainte devant Dieu et devant les hommes, n’en disant pas long, mais parlant en véritable Allemand, vivant la pipe à la bouche du matin au soir et souvent même s’endormant le tuyau entre ses dents.