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NOUS AVIONS MIS SUR PIED SEIZE BANNIERES

s’être pas trompé ; dans l’après-midi, lorsque Plant revient de son étude, sa chambrière lui donne une jolie petite lettre.

— Qui l’a apportée ?

— Un valet de grande maison.

Le cœur lui bat tandis qu’il déchire l’enveloppe. C’est un rendez-vous que son inconnue lui donne, à la brune, dans le parc. Elle est aristocrate, évidemment ; elle veut le revoir ; donc il lui plaît. La tête lui tourne de joie, de vanité satisfaite et il roule des projets hardis.

Il est exact au rendez-vous, et très-respectueux envers la belle inconnue qui, cette fois encore, est richement vêtue, soigneusement voilée. Dans la grande allée ils se promènent, deux dames viennent à passer.

— La comtesse Bartfeld, fait l’une, fixant l’inconnue. Je la reconnais à sa toilette.

Plant a entendu. Dans sa folle ivresse, il est sur le point de grimper aux arbres, de sauter par-dessus les haies.

Dès cette soirée, il change tout à fait avec ses amis. Il devient monosyllabique, réservé comme quelqu’un qui a un gros secret à garder. Il ne s’oublie qu’une fois. Wolfgang ayant reparlé de la comtesse Bärnburg avec un sourire d’homme heureux, le clerc lui jette à la figure :