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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

fallait pour devenir ce que je suis maintenant, l’artiste célèbre, et si j’étais restée la pauvre fille du fripier, tu ne m’aurais pas plus aimée que les autres.

Andor regardait le parquet en silence.

— Pèse tout et tu ne me condamneras pas, tu ne me mépriseras pas, s’écria Valéria.

— Je ne suis pas ici pour juger qui que ce soit, dit Andor.

— Mais tu me méprises ?

— Je ne te méprise pas.

Valéria lui lança un regard plein de remercîment et, avant qu’il pût l’en empêcher elle lui avait baisé la main.

— Que fais-tu ?

— Ah ! je t’aime tant ! s’écria-t-elle avec élan, demande-moi ce que tu voudras ; pour toi je ferai tout, tout.

— Valéria, répondit Andor d’une voix brisée, tu ne sais pas tout ce que tu étais pour moi, tout ce que tu es encore, combien je t’aime. Tu m’as rendu heureux, bienheureux ; mais tu as été cruelle aussi envers moi, affreusement cruelle, de me donner un bonheur qui ne pouvait durer.

— Et pourquoi pas ? demanda-t-elle vivement. Est-ce que tu ne m’aimes pas, est-ce que je ne t’adore pas ? Qu’est-ce qui peut nous séparer ? Oh !