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PARMI LES TOMBES

— Je commence à croire moi-même que je ne comprends pas mon temps et surtout notre nouvelle manière d’être allemande, dit-il à Wiepert. Depuis 1866, beaucoup de choses sont changées dans notre pays ; peut-être tout est-il changé. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que le contraste entre riche et pauvre devient de plus en plus marqué.

Aujourd’hui chacun veut devenir riche mais personne ne veut comprendre que la richesse ne peut exister qu’aux dépens de l’aisance et engendre par conséquent la pauvreté.

Tout le monde joue, spécule, permettant ainsi à un seul d’accaparer les capitaux, tandis que le plus grand nombre, par de petites pertes régulières, est poussé au besoin, à la misère.

Nous savons que lorsque manque le tiers état, lorsque riche et pauvre se dressent sans merci l’un contre l’autre, il en résulte pour l’état de la société de terribles inconvénients.

C’est en même temps la décadence du progrès intellectuel qui s’annonce, car la richesse et le luxe sont aussi peu favorables que la pauvreté à la vie intelligente, au développement de la civilisation. L’aisance a toujours été l’atmosphère propre du travail, de l’esprit de découverte, du progrès.

Avant 1870 nous n’avions que de petites relations politiques, mais nous possédions cette ai-