Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/769

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
LA MORT N’ÉTAIT PAS INVITÉE

— Eh bien ! comment va-t-elle ?

— Tout est fini, répondit la nourrice.

— Comment ?

— Elle est morte.

— Morte !

Le général regarda autour de lui d’un air affolé, puis il prit son enfant dans ses bras, l’embrassa et se mit à fondre en larmes. Alors Hanna se prit à sangloter, elle aussi, et avec tant de force que tout son corps était secoué convulsivement ; mais elle ne se jeta pas dans les bras de son mari pour y chercher la consolation. Elle se réfugia en courant dans sa chambre à coucher, ferma la porte et se roula sur le tapis, en criant comme une bête qui a perdu son petit.

Après un certain temps, elle devint plus calme et songea.

« Mon enfant est mort pendant que je dansais avec lui, » dit-elle tout à coup avec un son de voix qui l’étonna elle-même.

Elle s’essuya les yeux, se releva et écarta les rideaux.

En ce moment, elle n’était plus du tout cette même femme qui, quelques heures plus tôt, s’abandonnait avec volupté dans les bras du roi. Elle était descendue en elle-même et tout son être s’en trouvait changé. Elle avait vu comme en un