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LA MORT N’ÉTAIT PAS INVITÉE

les invités ne revenaient pas de leur surprise.

La courte distance que Hanna avait à parcourir pour rentrer chez elle lui parut d’une longueur interminable. Elle appuyait ses joues en feu contre la vitre glacée de la portière et regardait en avant. Enfin elle arriva à la maison et la porte s’ouvrit. Elle sauta de la voiture et gravit l’escalier rapidement. La porte de l’antichambre était toute grande ouverte ; elle traversa à la hâte toute l’enfilade des appartements, sans voir personne et se trouva dans la chambre de son enfant, auprès du berceau. Elle s’agenouilla pour l’embrasser et tomba à la renverse avec un grand cri : sa fille était morte.

À la lueur froide et triste du premier jour, l’enfant était là comme endormie, sur le dos, l’une de ses petites mains au-dessus de la tête, l’autre sur la couverture. Les yeux fermés, les lèvres entr’ouvertes, elle gisait là, la figure calme, sereine.

Des sanglots vinrent tirer Hanna de sa stupeur. Elle regarda autour d’elle d’un air égaré et vit la nourrice, qu’elle n’avait pas aperçue en entrant, assise dans un coin de la chambre, appuyant sa tête contre le mur et s’arrachant les cheveux. La pauvre femme avait été la véritable mère de l’enfant et son cœur se déchirait de l’avoir perdue.