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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

ment je suis une espèce d’agneau de sacrifice, et cela n’est pas nécessaire, puisque vous n’avez rien à me dire que ce que la plus allemande des vierges pourrait entendre.

— Allons, allons, j’ai encore bien des choses sur le cœur, répliqua le roi rapidement.

Il s’était redressé en même temps, prenant la main d’Hanna et la plaçant sur sa poitrine. La jolie femme le laissa faire, en fixant sur lui ses grands yeux gris rusés et interrogateurs.

— Je voudrais… vous demander… balbutia-t-il.

Hanna se mit à rire, pas haut, mais gaiement, d’un son de voix mélodieux ayant quelque chose de fripon.

— Vous riez ?

— Parce que je pourrais vous répondre sans connaître votre demande.

— Eh bien ! répondez, Hanna ?

Elle secoua la tête.

— Faut-il que je parle ? continua le roi d’une voix tremblante.

Elle baissa la tête en souriant et lui mit ses deux mains sur ses épaules. Ses lèvres rouges s’étaient entr’ouvertes comme les feuilles d’une rose épanouie. Alors il l’entoura de ses deux bras et lui dit tout bas d’une voix presque inintelligible : « Je vous adore, Hanna. »