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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Tandis qu’elle marchait, on croyait entendre comme un murmure de vagues argentées par la lune et le chant cristallin d’une source.

Ses amies s’approchèrent d’elle pour la complimenter ; ses adorateurs la contemplèrent avec ravissement et le reste des invités avec admiration, envie ou haine.

— Elle ressemble tout à fait à une ondine sortant de l’eau verdâtre d’un lac des Alpes, observa le baron Oldershausen à sa femme.

— En effet, répliqua méchamment Micheline faisant allusion à la nudité du buste de son amie, et le plus étrange est qu’on s’attend à tout moment à la voir sortir complétement de la verdure de sa toilette et se dresser devant nous en toilette… olympienne.

— Comme déesse de la beauté, n’est-ce pas ? répliqua le baron aussi méchamment.

La danse n’avait pas encore recommencé qu’un nouveau mouvement annonçait l’arrivée des Majestés.

À leur entrée, la raide étiquette allemande fut pour cette fois mise de côté. Chacun devint gai, expansif. Le roi parla au maître de la maison, au général Weissenfels, dévorant en même temps du regard la belle naïade. La reine fut droit à Hanna, lui tendit la main et se retira avec elle dans un