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LA MORT N’ÉTAIT PAS INVITÉE

manteau de reine cachant ses épaules. Madame de Kronstein saisit les deux mains de la nouvelle arrivée et l’embrassa deux fois sur la bouche.

— Ô ma chère, soupira-t-elle, vous ne savez pas de quelle angoisse vous me délivrez. Je vous remercie de tout cœur.

Elle prit ensuite sous le bras celle qu’elle avait attendue avec impatience et la guida vers la salle de bal. La valse finissait ; les couples se tenaient immobiles et tous les regards se fixaient sur les deux amies.

Toute femme peut être charmante, dès qu’elle le veut ; mais, lorsqu’une jolie femme veut être jolie, elle doit évidemment surexciter les sens de chacun.

Dans cette brillante réunion, parmi les autres dames richement parées, gentilles, gracieuses, Hanna faisait l’effet d’une naïade, d’une sirène fraîchement sortie de l’Océan. Elle portait une robe en satin blanc à longue traîne, avec tunique en soie verte ornée de lis de mer, de roses d’eau et de joncs. Sa chevelure relevée était soutenue par des coraux rouges et tombait sur les épaules en tresses brunes, tranchant sur le blanc de la soie. Autour du cou, elle portait un collier de corail et aux poignets des coraux et des coquilles.