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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

des histoires si gaies et les volants de dentelles, la soie de la robe faisaient tant de bruit !

« Je montrerai à Andor qu’une femme peut être forte et grande, » telle était la pensée qui excitait sans cesse Hanna. Elle ne soupçonnait pas qu’elle se mentait à elle-même et que c’étaient seulement la vanité, l’adoration de sa personne qui l’entraînaient loin de son enfant malade dans la brillante salle de bal.

Madame de Kronstein était en proie à une agitation fiévreuse. En sa qualité de femme d’un homme d’État, elle connaissait jusqu’aux plus petits détails de la politique et n’ignorait pas quelle importance pouvait avoir pour elle ainsi que pour la position, l’influence de son mari, la venue ou la non-venue d’Hanna à sa petite fête.

L’absence de la jolie femme pouvait entraîner tout un changement de système.

Déjà l’aiguille de la pendule, avec son inflexible régularité, s’approchait de l’heure où Leurs Majestés étaient attendues. Tout à coup dans l’illustre société encombrant les salons du ministre, il se fit un mouvement annonçant un événement. Contrairement aux règles des convenances, madame de Kronstein quitta le sopha sur lequel elle recevait ses invités et s’élança vers l’antichambre où le général Mardefeld ôtait à sa femme le