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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

est proche, petit. C’est pour cela qu’en beaucoup de choses, peut-être en toutes les choses dont se compose la vie ordinaire, elle est bien plus rusée que nous et que nous pouvons sans danger nous laisser guider par elle ; mais, si nous lui demandons de nous suivre dans d’autres voies plus éloignées, plus grandes, plus importantes, nous nous apercevons bientôt que l’intelligence lui manque pour cela ; nos grandes vues l’étonnent et elle se rit de notre enthousiasme.

La femme est incapable de saisir le côté idéal d’une question ; elle ne voit jamais que le côté pratique. Tandis que nous, nous pensons à l’humanité tout entière, que nous entretenons des idées de sacrifice à nos semblables, elle reste, elle, égoïste, matérialiste.

C’est surtout en ce qui comprend toute la vie de la femme, dans l’amour et le mariage, que cette vérité devient frappante.

L’homme qui a d’autres intérêts dans la vie, pouvant remédier à un mariage malheureux, obéit d’habitude à une pression idéale dans le choix de sa compagne. S’il ne se marie pas selon son cœur, il se marie du moins selon son goût.

La femme, au contraire, ne voit, en général, dans l’amour de l’homme, que le moyen de se pourvoir des choses de la vie ; elle ne se préoccupe que du