Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/741

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
331
OÙ NOTRE HÉROS FAIT HONNEUR À CE NOM

— Fussiez-vous le prix auquel on veut m’acheter, le prix accompagné de titres, de décorations, de millions, je répondrais non quand même. Je vous dirais comme je vous dis en ce moment de sang-froid : merci de votre offre. Mais écoutez pourquoi je ne veux rien avoir de commun avec ces hommes qui vous ont choisie pour m’empêcher de parler. Il faut que vous m’écoutiez ; vous me devez de m’entendre.

— Oh ! parlez, je vous en prie.

— Je ne sais si vous me comprendrez tout à fait, commença Andor d’un ton à faire frémir Hanna, chez nous, en Allemagne, on a tant radoté sur « la dignité des femmes », qu’il ne faut pas s’étonner si toutes nos idées sur votre sexe sont emmêlées, brouillées. Entre autres opinions, la femme passe parmi nous pour un être dans lequel se trouvent réunis les sentiments les plus tendres, les plus nobles, les plus purs, en un mot, pour la poésie elle-même.

C’est une erreur déplorable et dangereuse.

Il serait bien plus juste de dire : la femme est la prose vivante.

À notre sensibilité seule la femme doit cette enveloppe poétique que nous lui prêtons et qui est en nous, pas en elle.

L’œil de la femme est toujours fixé sur ce qui