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XVIII

OÙ NOTRE HÉROS FAIT HONNEUR À CE NOM

En quittant à la hâte la villa de l’actrice, Andor s’était enfoncé dans le bois voisin comme ces hommes animés de l’esprit de Dieu qui se réfugiaient jadis dans des thébaïdes pour réfléchir loin du monde sur les misères humaines et les moyens d’y remédier. De temps en temps, il s’asseyait sur un tronc d’arbre déraciné, auprès d’une source à laquelle il étanchait sa soif, ou bien il s’étendait sur l’herbe pour cueillir des baies et apaiser sa faim.

Fatigué, couvert de poussière, les cheveux en désordre, l’œil enfiévré, il revint chez lui avec les ombres du soir et prit aussitôt place à sa table de travail pour écrire à Valéria. Il ne jeta sur le papier que ces quelques lignes :

« J’ai cru en toi malgré tout ce que le monde en disait et je t’ai aimée de toutes les forces de