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LA NOUVELLE ANADYOMÈNE

— Cette idée est encore plus bizarre que celle du champagne, bâilla le baron Oldershausen.

— Que ce soit bizarre ou non, je vous attelle, reprit Valéria.

— Ce serait par trop…, commença l’officier.

— Celui qui ne se soumettra pas sur-le-champ ne repassera plus le seuil de ma maison, cria Valéria l’œil enflammé. Obéissez-vous ?

— Oui, déesse, répondit Rosenzweig prenant la main de la jolie actrice levée en signe de commandement, et la baisant ; mais est-ce réellement votre désir de nous atteler à votre phaéton comme des chevaux, pour vous faire un char de triomphe symbolique ?

— C’est mon désir, dit Valéria contractant d’un air de mépris ses lèvres roses. Vous tous, messieurs, vous me parlez sans cesse de vos sentiments pour moi, des sacrifices que vous seriez capables de me faire ; tels que vous êtes-là tous, je veux vous mettre à l’épreuve, vous atteler à mon phaéton et guider moi-même vers la ville ce précieux attelage.

— La plaisanterie serait bonne, répondit le garde du corps.

— Ce n’est pas une plaisanterie, lui jeta l’actrice méchamment ; c’est sérieux et du sérieux amer ou doux, selon que cela vous déplaît ou non.