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LA NOUVELLE ANADYOMÈNE

au cœur. Le travail consolateur était là ; il écrivit, lut et retomba ensuite dans ses noires réflexions.

En se rendant le soir chez Valéria, il vit un groupe considérable de curieux du meilleur monde stationnant devant la vitrine éclairée d’un marchant d’objets d’art. Il s’arrêta, lui aussi, et vit tout à coup Valéria lui sourire dans un grand cadre doré.

Elle ne lui avait pas dit qu’elle eût posé devant un peintre et elle lui apparaissait dans un costume fait pour donner à réfléchir : le costume d’une bacchante. Elle était bien jolie, jolie à rendre fou, avec ces pampres ornant sa chevelure et cette peau de panthère laissant voir les formes admirables de son buste et ses beaux bras ; mais, qu’était-ce que cela ? Rien de plus qu’une réclame faite à l’actrice par les charmes de la femme.

Andor poursuivit sa route d’assez mauvaise humeur. Il était décidé à gronder sérieusement Valéria à propos de ce portrait ; mais à peine s’était-elle suspendue à son cou que ses lèvres roses brûlantes étouffaient les reproches qu’il voulait lui adresser, chassaient la tristesse de son front et même le doute de son cœur.

Le lendemain, il arriva chez l’actrice à cette heure où les gens honnêtes prennent place à table pour le repas de midi.