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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

et au parc sa promenade triomphale. Il évita les rues par lesquelles elle devait passer, se dirigeant vers la porte du parc par les ruelles. Au lieu de suivre la grande allée, il s’engagea dans une petite allée parallèle, afin de pouvoir étudier ce que ferait Valéria sans être aperçu par elle. Il exécuta son projet avec autant de sérieux, de minutie, que s’il se fût agi de l’examen d’un parchemin.

Après fort peu de temps, il vit Valéria arrivant dans sa voiture découverte, son gros cocher sur le siége, son petit chasseur derrière elle. Elle portait une robe en soie rose sur laquelle des dentelles blanches de prix faisaient l’effet de la neige ; elle était coiffée d’un petit chapeau rose et tenait un bouquet à la main. La traîne de sa robe flottait comme un drapeau hors de la voiture et frôlait de temps en temps la boue de la roue.

Andor vit un cavalier venir au-devant d’elle, dans sa voiture qu’il conduisait lui-même, et la saluer. Le salut avait quelque chose de si léger, de si familier, qu’Andor se fût volontiers élancé à travers les arbres pour sauter à la gorge du téméraire ; mais Valéria lui répondit de la tête et des yeux et sourit. Elle n’était évidemment pas froissée le moins du monde.

Andor la perdit bientôt de vue. Pourtant, il employa utilement le temps qu’elle mit à faire son