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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Mon Dieu, qu’en résultera-t-il ? s’écria le comte. Je vois que vous en êtes au point où il est difficile, presque impossible, à l’homme qui aime honnêtement, passionnément, de revenir en arrière, et pourtant… vous ne devez pas continuer ces relations ; elles finiraient par vous mener à mal, tel que je vous connais. Vous êtes pris dans les filets d’une Messaline, mon pauvre ami. Elle joue avec vous un jeu cruel, affreux, et le malheur veut que vous aimiez cette Messaline.

— Je vois avec regret, monsieur le comte, que vous, qui connaissez les hommes, qui méprisez leurs méchancetés, leurs vilenies, vous n’en ajoutez pas moins foi à des on-dit.

— Écoutez-moi, Andor, interrompit le comte avec dignité ; je ne parle jamais d’après les autres, jamais, entendez-vous, et je ne suis pas homme à faire du tort à qui que ce soit, fût-ce à une nymphe de la rue. En vous parlant comme je viens de le faire, contrairement à mes principes, je n’ai écouté que la voix de mon affection pour vous. Vous êtes en danger par le fait de votre liaison avec cette femme ; votre honneur en souffre. Toute une vie d’honnêteté pourrait ne pas suffire à faire oublier la marque de honte que tôt ou tard cette femme vous imprimera aux yeux du monde.

Écoutez-moi bien et exaucez cette seule prière