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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Hanna avait pâli et pressait involontairement son cœur de sa main.

Rosenzweig, stupéfait, entr’ouvrait la bouche, et le général Mardefeld riait de tout son cœur.

Dans cette même soirée, en se mettant au lit, Hanna se prit à réfléchir sur elle-même ; mais elles n’étaient pas les bienvenues, elles n’étaient pas agréables les pensées qui se lisaient sur sa figure d’ordinaire si insouciante.

« Qu’est-ce qui m’a frappée en plein cœur comme un poignard ? se disait-elle. Quel intérêt peut-il m’inspirer encore ? pourquoi ne serait-il pas aux pieds de cette actrice ? serait-ce de la jalousie que je ressens ? Non, non ; ce n’est que de la vanité froissée. Oui, oui, c’est cela, rien que cela. »

Le hasard voulut que, peu de temps après, le roi eut l’idée d’arranger une représentation théâtrale à la cour, et que Hanna dut jouer le principal rôle dans un proverbe de Musset. Mais le hasard ne fut pour rien dans le choix qu’elle fit de Valéria Belmont pour étudier son rôle avec elle. Elle voulait connaître la femme qu’aimait Andor.

Un soir où Andor prenait le thé avec Valéria, celle-ci regarda l’heure tout à coup, fronça le sourcil d’un air ennuyé, et dit ensuite :

— Nous serons dérangés aujourd’hui ; il va venir une dame pour apprendre un rôle avec moi,