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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

je n’ai jamais trouvé ses sentences de mon goût. »

Quand les journaux, et la conseillère qui valait à elle seule au moins autant que les journaux réunis, eurent suffisamment préparé le public, on vit un jour au premier étage d’une maison, palais de la rue du Roi, une grande enseigne en lettres d’or. Au rez-de-chaussée la porte fraîchement peinte d’un comptoir s’ouvrit à deux battants ; un gros portier, épais et grossier, se montra sur le seuil et la Banque générale commença à fonctionner.

À dix heures du matin, l’émission devait avoir lieu ; dès neuf heures la police fut forcée d’intervenir pour maintenir la circulation, tant était grande la foule assiégeant la porte du comptoir.

Au coup de dix heures commença l’inscription, ainsi que la bataille pour entrer.

On se poussait des coudes, on se marchait sur les pieds, on se poussait sur la peinture fraîche des portes, on s’injuriait, on jurait comme des Allemands cultivés peuvent seuls le faire en pareil cas. Les femmes qui s’étaient engagées dans la mêlée étaient littéralement étouffées, mais d’une manière tendre, comme il convient à un peuple ayant trouvé « la dignité des femmes », et regardant comme son monopole, depuis près de mille ans, la vénération du beau sexe.

Le soir, après que tout se fut bien passé, les