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SI TU ES LE FILS DE DIEU, ETC.

— Tu veux parler de la banque que tu es en train de fonder ?

— Oui, Andor, je parle de cette entreprise qui est appuyée par les premiers financiers du pays et à laquelle sont favorables les personnes les plus haut placées. Je suis en voie d’arriver au but que j’ai poursuivi depuis des années et je compte sur toi ; je compte sur ton amitié si souvent éprouvée, j’espère que tu ne me seras pas hostile et que…

— Tu dis que tu me connais, interrompit Andor ; je vois à l’instant même que tu te trompes. Si tu me connaissais, tu saurais que ni en bien ni en mal je ne me laisse influencer par les considérations ou les sentiments personnels. Pour moi, la personne n’est rien, le principe tout. Que ton entreprise réponde à ma manière de voir et je l’appuierai ; qu’elle soit en contradiction avec ma manière de voir et je la combattrai. Comprends-tu ?

— Tu es donc toujours le chevalier des vieux principes ?

— Dis donc le don Quichotte du principe, fit Andor riant. Je ne saurais changer maintenant, mon cher Plant ; je suis trop vieux pour cela.

— En admettant que tu ne sois pas pour moi, insinua Plant, je m’imagine cependant que tu n’écriras pas contre moi ; tu te tairas tout simplement ?