avec toi de choses sérieuses et pressantes. Ici, c’est trop triste. Viens dans un débit ; nous prendrons place dans une embrasure et…
— Je préfère que nous allions nous promener dans l’allée derrière le théâtre, répondit Andor ; il fait une belle nuit étoilée et, à cette heure, personne ne viendra nous déranger.
— Soit.
Bras dessus bras dessous, ils sortirent du théâtre et marchèrent en silence jusqu’au grand vieux marronnier dont les branches formaient un dôme de verdure à peine éclairé çà et là par les étoiles qui le traversaient.
Andor fit halte et lâcha le bras de Plant.
— Qu’as-tu donc à me dire ? commença-t-il avec un sérieux à décourager Plant.
— Je serai bref, répondit celui-ci affectant la simplicité et prenant un ton cordial. Nous sommes de vieux amis, je te connais et tu me connais ; avec toi je puis parler aussi ouvertement que si je m’entretenais avec moi-même. Je suis à la veille de faire fortune, cher Andor.
— Combien de fois m’as-tu déjà dit cela ? s’écria Andor d’un air moqueur qui ne lui était guère habituel.
— J’ai été souvent à la veille, c’est vrai ; mais, cette fois, j’ai atteint le tournant de ma vie.