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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

ton moitié Mortimer, moitié Posa, parfaitement imité de Schiller ; il n’y a qu’une femme sur terre qui puisse produire en moi cet effet tout-puissant et me courber le front dans la poussière.

La dame au masque resta muette quelque temps. Évidemment, elle n’avait pas prévu que l’entrevue prendrait cette tournure. Indécise, elle regardait tantôt Hanna, tantôt Plant.

— Je pense qu’on peut compter sur votre silence, dit-elle enfin à ce dernier.

— Le temps de la domination absolue, des hommages-liges est passé, répliqua Plant ; il n’y a plus aujourd’hui que votre cœur qui puisse nous entraîner à renoncer à notre liberté. Voyez en moi votre vassal, Majesté, le plus dévoué de vos sujets, votre esclave même et ordonnez de moi comme de quelque chose qui vous appartient, qui se fera l’instrument aveugle de vos projets.

À part lui, l’instrument aveugle songeait : maintenant, victoire ! la reine est entre mes mains et deviendra la plus jolie marionnette de mon théâtre de poupées !

Sur un signe de la dame masquée, Hanna défit les liens de Plant. Pendant qu’il se relevait, la reine ôtait son loup et montrait à son interlocuteur sa belle figure qu’il n’avait jamais vue d’aussi près. Le cœur de Plant battit fortement.