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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

tophe Colomb. D’un seul coup vous êtes devenu l’homme le plus populaire à la Bourse. Ce serait le moment d’entreprendre quelque chose, quelque chose de grand ; vous me comprenez ? Vous… vous avez très-bien joué ce tour de la Banque de Crédit, très-bien.

Le banquier se mit à rire et cligna de l’œil à Plant, comme pourrait le faire un vieux filou à un jeune par lequel il se verrait surpassé.

Aussitôt qu’il fut hors de doute que l’enquête ne découvrirait rien contre Plant, d’autres admirateurs de son audace et de son talent se présentèrent également chez lui. Vint d’abord le baron Oldershausen, puis le comte Bärnburg et, enfin, le général Mardefeld. Chacun d’eux voulait que Plant se mit à la tête d’une entreprise quelconque.

Ils étaient tous atteints de la maladie du temps, tous à la poursuite de l’idéal de notre époque ; mais une certaine honte les empêchait de plonger eux-mêmes leurs mains dans les poches d’autrui. Ils voulaient qu’un autre se chargeât de cette vilaine besogne, et Plant leur paraissait l’homme qu’il fallait pour cela.

Plant commença à bâtir des projets. Dans sa tête une idée chassait l’autre. Comme l’âne de Buridan, il finit par hésiter entre une banque et une