Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/672

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

ainsi appréciées ; mais ce n’est là qu’un plaisir idéal.

— Il ne tient qu’à vous qu’il ait son côté pratique.

— Je demande une explication.

— Peut-on avoir confiance en vous, monsieur Plant ?

Hanna tourna tout à coup vers lui sa figure calme, rusée et eut l’air de l’étudier.

— La confiance ne se gagne pas, répondit-il avec un regard expressif. Elle se donne ou se refuse comme l’amour et toujours sans motif.

— Eh bien ! nous avons confiance en vous et nous sommes prêtes à remettre entre vos mains l’argent qui vous est indispensable pour tenter vos grandes spéculations, pour réaliser vos belles idées financières ; mais quelles sécurités nous offrez-vous ?

— Toutes celles que je puis offrir. Vous savez quelle somme j’ai reçue pour l’Incorruptible ?

— Non, non ; il faut que ce soit votre personne qui serve de garantie, fit Hanna vivement.

Il y eut alors chez la jolie jeune femme quelque chose qui charma Plant. Jamais encore elle ne lui avait plu comme en ce moment où elle se montrait dans toute sa ruse, sa confiance en elle-même, son esprit de prévoyance.