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OÙ LES MAJESTÉS SACRIFIENT, ETC.

Ce secret menaçant d’étouffer celle à qui il l’avait confié, elle en fit part à une amie. Celle-ci le transmit à un aimable hussard, le hussard à un cuirassier et le cuirassier au Jockey-Club.

Peu de temps après, le Polonais était avisé que son permis de séjour ne serait pas prolongé, et qu’il devait retourner dans son pays.

Il obéit, et, par la suite, on sut qu’il avait été transporté en Sibérie, pour avoir entretenu à l’étranger de dangereuses relations.

Ceci donna à réfléchir aux gens prudents, et fit taire subitement les mauvaises langues de la ville.

Tandis que ces histoires mystérieuses défrayaient les cancans, l’amitié de la reine pour la générale Mardefeld avait pris un tel caractère, que la cour en était vivement préoccupée. La souveraine se mettait sans façon au-dessus de toutes ces saintes lois inflexibles qui rendent si agréables les cours allemandes. À toute heure du jour, elle rendait visite à la générale sans être accompagnée ; elle restait avec elle souvent très-tard dans la nuit ; le lendemain, elle montait à cheval avec elle, n’ayant qu’un écuyer pour escorte, et ne rentrait au palais que bien avant dans la soirée.

Un jour, tandis que les deux amazones chevauchaient l’une près de l’autre dans le sentier soli-