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OÙ LES MAJESTÉS SACRIFIENT, ETC.

Alors les suppositions les plus étranges circulèrent de nouveau et la police allemande, pour laquelle rien n’est cependant trop difficile, eut beau se creuser la tête, elle ne trouva pas le moindre prétexte à perquisitions, car il n’est défendu à personne d’acheter un château et de ne pas l’habiter.

Il ne s’écoulait pas de jour où quelque histoire sur Wolfseck ne circulât de bouche en bouche.

Des gens, en passant le soir, devant l’édifice, avaient vu toutes les fenêtres de la façade brillamment éclairées.

Un paysan revenant d’une consécration d’église, un peu gris, ainsi qu’il le reconnaissait lui-même, avait entendu des voix de femmes en traversant le parc. Se guidant sur le bruit, il s’était glissé sans être vu jusque sur le bord d’un petit lac, à travers les arbustes qui en bordaient le circuit, et avait aperçu deux femmes d’une beauté surhumaine se baignant dans la tiède nuit d’été, en pleine eau argentée par la lune. Les baigneuses l’aperçurent et cherchèrent à l’attirer, comme les sirènes, par des paroles flatteuses ; mais il se signa et s’enfuit poursuivi par leurs éclats de rire.

Plus d’un lion blasé de la ville parcourut, de jour et de nuit, les environs du château mystérieux, dans l’espoir d’une jolie aventure ; mais il ne réussit pas dans son entreprise.