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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Les dames prétendaient que c’était un lord anglais atteint du spleen ; les messieurs, que c’était une princesse russe prodigieusement riche et belle à rendre fou.

Pour satisfaire sa curiosité, Sa Majesté appela la police à son aide et on lui annonça enfin, avec certitude, que le château avait été acheté par une Américaine, madame Cécilia Walkers. Sa Majesté raconta le fait à Valéria ; Valéria le répandit au théâtre ; une petite actrice en fit part à Pfefferman et celui-ci accourut radieux vers son chef pour lui communiquer la grande nouvelle. Le lendemain, le journal mentionnait la chose et le monde était tranquille, mais pas pour longtemps.

Lorsque la restauration du château fut finie et que le bois qui l’environnait eut été converti en un joli parc, on découvrit que de différents côtés arrivaient de jolis vieux meubles, des tableaux et une foule d’autres objets dont le choix répondait à l’architecture de l’édifice et que les appartements étaient meublés dans le goût de l’époque à laquelle ils remontaient.

Puis, un beau jour, un vieux concierge à mine renfrognée s’installa au rez-de-chaussée de la tour de garde ; le pont-levis fut relevé, la grande porte fermée et le château lui-même resta aussi inoccupé que dans les deux cents ans écoulés.