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MESSALINE

épaules comme jadis les Romains les Sabines. Les joueurs de flûte, de lyre, de cymbales les suivirent, et les esclaves fermèrent la marche criant : Evohé ! agitant des thyrses et des torches.

Soudain la salle se trouva vide et la lumière de la lampe faiblit de manière à ne plus projeter qu’une faible lueur sur la Messaline masquée.

— Viens à moi ! ordonna-t-elle à Andor.

Il se leva et s’approcha d’elle. Tous ses nerfs étaient surexcités.

Il se laissa tomber à genoux et la regarda.

Elle se prit à rire.

— Tu cherches à me reconnaître ? C’est inutile ; tu ne me connais pas.

— Ce rire ne peut être que celui de…

— De Messaline. Renonce à penser, si tu veux être heureux. Livre-toi à moi tout entier. Je t’aime ; je veux te faire heureux, heureux autant qu’une femme le peut. M’aimeras-tu ?

— Peut-on aimer deux femmes à la fois ? demanda Andor.

— Tu aimes donc ?

— Oui.

— Es-tu payé de retour ?

— Je n’ose l’espérer.

— Eh bien ! moi, je le dis que tu es aimé, aimé autant qu’un homme peut l’être d’une femme.