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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

parisienne ! soupira Micheline. Voilà qui est amusant.

Lorsque Valéria descendit les petites marches pour gagner sa voiture, elle trouva Andor à la porte de derrière du théâtre.

— Je vous remercie de tout cœur, lui dit-il. Vous avez sauvé la pièce.

— Que me dites-vous là ? répondit-elle ; j’ai pitoyablement joué, mais la beauté du rôle a suffi.

Elle le regarda ensuite et hésita un instant.

— Bonne nuit ! ajouta-t-elle enfin.

Il la mit dans la voiture. Son bras nu s’étant montré hors du manteau de velours, il y appuya rapidement ses lèvres et s’éloigna.

Valéria le suivit de l’œil jusqu’au tournant, puis elle soupira et se pelotonna tristement dans sa voiture capitonnée en blanc.

Le lendemain, les journaux du matin faisaient, avec réserve, mais non défavorablement, la critique de la pièce d’Andor. Seul l’Incorruptible, sous la signature de Plant, fustigeait vertement le Pégase de l’auteur.

Il y eut des lecteurs qui trouvèrent étrange cette manière Spartiate d’entendre l’amitié. Ces braves gens ignoraient que Plant avait reçu des bienfaits d’Andor, et que cela suffisait pour qu’il le haït, l’attaquât.