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VALÉRIA REMPORTE UNE VICTOIRE

la scène nocturne avec Franz, elle ne fit plus aucune impression sur Andor. Il fut tout aussi insensible au grand talent avec lequel elle exprima le remords, l’angoisse de la mort, à l’apparition du messager de la Sainte-Vehme, qu’aux applaudissements qui accompagnèrent sa jolie manière de tomber.

Plus difficile que le public d’aujourd’hui, Andor ne se contentait pas d’un morceau habilement rendu ; il voulait que tout fût bien joué.

Le lendemain, il s’exprimait en ce sens dans le journal. L’effet de son article fut plus grand qu’il ne s’y attendait. Tout le monde lut sa critique. Le public fut étonné ; le roi fit sonner ses éperons et battit sa botte avec sa cravache ; la figure de Valéria se rembrunit ; elle repoussa son chocolat en faisant résonner la tasse et la cuiller et se mit à sa table à écrire en palissandre.

Une heure après, Andor recevait une charmante petite lettre contenant un billet de cent thalers.

Il regarda le billet en souriant, le remit sous une autre enveloppe et le renvoya sans une ligne.

Un jour s’écoula pendant lequel la jolie actrice froissée se replia sur elle-même, comme une araignée dans sa toile et broya du noir. Le lendemain matin arrivait pour Andor une gracieuse invitation à venir prendre le thé chez Valéria. L’invi-