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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Pas ainsi, chere Hanna, lui dit la reine avec un sourire.

— Ordonnez de moi, Majesté, répondit la générale avec un élan non déguisé. J’aurai le courage nécessaire et je sais me taire.

La reine la regarda dans ses grands yeux gris brillants, si sereins, si froids et la baisa au front.

— Mais vous êtes… si… si sévère dans vos principes, votre morale !… lui dit-elle.

— Je suis fidèle au général, Majesté, répliqua la jeune femme se donnant un petit air fripon. Mais à votre cour et dans votre compagnie, il est réellement difficile de ne pas l’être.

La reine rit et frappa légèrement sur la joue d’Hanna, toujours agenouillée devant elle.

— Avouez-moi d’abord ce qu’on pense, ce qu’on dit de moi.

— On est si convaincu de votre piété, de votre vertu, Majesté, que vous… pouvez tout oser.

— Vraiment ?

— Chez nous, en Allemagne, la vertu qui s’en va toute nue est huée, poursuivie ; mais le vice est traité avec respect, s’il porte seulement la feuille de vigne.