Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
VENDEUR OU ACQUÉREUR

padour. Restez fidèle à votre art, jeune homme ; c’est le seul idéal que nous ayons encore ; de tout côté le matérialisme nous bâille à la face. Vilaine affaire ! Je suis du vieux temps, moi. Je veux faire quelque chose pour vous, mon ami ; seulement, pas de remercîments ; obéissez ; à mes yeux, voilà l’essentiel. Je vous ferai monter un atelier au château ; là, vous pourrez travailler avec ardeur. Je poserai une fois. Vous ferez aussi le buste du prince héritier et de la princesse Paula, hein ? Des formes plastiques comme celles de la princesse on en voit rarement aujourd’hui ! Le produit d’une race non abâtardie, du sang slave !

— Pardon, Majesté, dit Wolfgang froissé dans ses sentiments de pur Allemand. Cette race ardente a des particularités de caractère incompatibles avec l’idée que nous, bourgeois allemands, nous nous faisons de la mère du pays.

— Mère du pays ! Qui vous a dit, jeune homme ?

Le vieux roi s’interrompt et fronce fortement les sourcils. Il ajoute ensuite :

— J’ai toujours apprécié la franchise. Vous savez quelque chose de la princesse ? Allons, parlez ; vous n’avez rien à craindre de moi. On raconte donc déjà ces histoires dans la ville ?

— Je ne sais rien de positif, Majesté, balbutie le sculpteur.