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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

de paraître autre qu’il n’est réellement, où l’homme de la glèbe cite Schiller avec amour, et la paysanne soupire : « Je ne suis pas seule quand je suis seulette, » dans sa chambre remplie de fanfreluches et d’odeur de musc, où les vaillants guerriers vont au prêche le dimanche, où chaque conseiller provincial rougirait si on le surprenait à lire les « Mémoires de Casanova », chez nous, rien n’est aussi rare, et par conséquent aussi surprenant, aussi incroyable que la vérité.

Celui qui se donne pour ce qu’il est, qui parle comme il pense, trompera bien mieux ses semblables que le plus fin des jésuites.

C’est là une grande partie du secret de la réussite de Bismarck.

Bismarck n’est pas un Machiavel. Aux diplomates étrangers comme aux patriotes allemands, il ne s’est jamais donné que pour Bismarck, et par cela seul personne ne l’a cru, ni Napoléon III, ni Beust, ni Jacoby, ni Ledochowski. Aussi a-t-il pu les surprendre, les vaincre tous avant qu’ils eussent l’idée qu’ils seraient attaqués.

La franchise a été toute sa ruse.

Il connaît le monde et mieux encore ses Allemands.

C’était principalement dans la droiture de la générale de Mardefeld que consistait le charme