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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

buste de moi, veux le voir, dit-il avec sa rudesse habituelle.

Le visiteur s’assied dans le vieux fauteuil. Wolfgang pose devant lui le modèle en terre glaise qu’il découvre.

— Hem ! fait d’après un portrait de moi ?

— D’après une photographie, Majesté.

— Hem ! Du talent, jeune homme ; m’y entends un peu, beaucoup de talent. Faudra faire un buste en marbre pour moi ; signerai un bon pour l’argent nécessaire.

— Majesté, comment reconnaître…

Le roi interrompt le sculpteur avec bienveillance et demande à voir d’autres œuvres. Wolfgang montre la série connue de ses pièces commencées ; après chaque exhibition, il est récompensé par un « hem ! » du père du pays.

Le roi se lève enfin, prend le sculpteur par le bout de l’oreille, et lui dit :

— Beaucoup de talent et beaucoup de travail ; j’aime les travailleurs. Tous nos embarras sont causés par la perte du goût du travail. L’oisiveté, c’est la mort de l’homme, de l’art et de l’État. Gouverner est un travail aussi, mon ami, un travail sérieux, et lorsqu’on fait passer le plaisir avant la peine, il amène toute sorte de désordres ; le pays n’est bientôt plus administré qu’à la Pom-