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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

rale allemande est que, pour les écouter et les lire, il faut avant tout ôter ses gants et se tenir sous le nez un flacon d’eau de Cologne.

Hanna qui, malgré tout son sérieux moderne, ne manquait pas de sentiment esthétique, osa dire au baron, sans se laisser intimider par une œillade significative de son amie, qu’elle trouvait les Sept péchés capitaux une œuvre merveilleuse.

— Je me range tout à fait du côté de Son Excellence, s’écria Micheline d’une voix aiguë comme le sifflet d’une locomotive ; l’art a ses limites morales comme tout ce qui est humain. Je ne saurais admettre ces transgressions de notre époque. La liberté que les peintres et les auteurs s’accordent de nos jours est un symptôme de décadence. Les pièces de théâtre, les opérettes immorales en France ont été les avant-coureurs de la chute de l’Empire. La censure devrait de temps en temps fortement intervenir en Allemagne. J’affirme que cette peinture et cette littérature empoisonnent les esprits allemands et qu’aucune femme de notre pays ne peut regarder un tableau de Makart ou assister à une œuvre de Dumas fils.

— Très-juste ! opina le baron Kibitzhausen. Ah ! si toutes nos femmes pensaient, sentaient, agissaient ainsi, la belle maxime de notre pays : « crainte