La fin de tout ceci fut que l’intendant se trouva dans un grand embarras. Il avait reçu la pièce ; sa dignité lui défendait de la rendre. Messaline ne fut pas rendue, mais elle ne fut pas non plus mise à l’étude. Des mois s’écoulèrent, et les belles espérances d’Andor s’évanouissaient peu à peu.
— Eh bien ! quand verrons-nous jouer votre Messaline ? lui demanda un soir Wiepert. Les rôles sont-ils distribués ?
— On m’a donné à entendre qu’il ne fallait pas créer des embarras à l’intendant, répondit Andor découragé. Il a reçu la pièce, mais il n’ose commencer les répétitions.
— Vous voyez que j’avais raison. Je connais nos pharisiens allemands.
— C’est surtout l’influence de la reine qui est cause de cela. Que me conseillez-vous ?
— Ce que je vous conseillais avant que vous eussiez écrit votre pièce : de rester loin du théâtre. De nos jours, le drame n’est plus, comme jadis, le point culminant de la poésie. Nous demandons à l’écrivain de reproduire la vie telle quelle, en entier. Or les dramaturges ne donnent qu’un canevas ; tout le reste de la pièce, la chair et le sang, appartient aux acteurs, à l’habilleur, au décorateur, au machiniste. Les romanciers seuls font leur œuvre en entier. Il n’est rien qui soit