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PARISIENS DE TOUTE SORTE

dans les bibliothèques et les recueils de littérature.

Or ces momies ont du moins vécu autrefois, mais que diriez-vous de tous ceux qui les ressuscitent ?

— Vous me refusez donc toute espèce de talent créateur ? demanda le jeune homme écrasé par le raisonnement de Wiepert.

— Non et oui, cher ami. Votre « Messaline » n’est pas plus mal faite que la « Clytemnestre » de Tempeltei, les « Fabiens » de Gustave Freytag, le « Brutus » et le « Collatinus » de Linder, le « Gracchus » de Willbrandt. Si on la joue, elle fera peut-être autant de bruit, mais elle sera certainement aussi promptement oubliée ; mais le plus fâcheux est qu’elle ne verra pas les planches.

— Pourquoi pas ?

— Parce que, dans notre théâtre tel qu’il est, une pièce n’est représentée qu’autant que l’auteur est protégé ou qu’elle promet de faire de l’argent. Pour les théâtres de la cour, il y a toujours cent bonnes raisons politiques, religieuses, sociales et personnelles qui, au détriment de notre scène et de la littérature allemande, rendent impossible la représentation d’une pièce vraiment originale et hardie. Le Burg-Théâtre de Vienne a bien donné Marie Madeleine d’Hebbel, mais c’est là une