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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

pièces, non des œuvres. Un talent véritable ne doit se tourner que vers le roman.

— Je ne me sens pas porté vers le roman. En ce moment, je ne suis pas en état de réussir ces fines peintures qu’il permet ; je ne saurais travailler qu’à grands traits.

— Peinture décorative ! fit Wiepert d’un geste plein de mépris. Croyez-vous que les décorations passent à la postérité ? Je m’imagine qu’on les met dans la chambre de débarras quand elles ont fait leur temps ; il en est de même des pièces. Pourquoi coupe-t-on des passages entiers de Shakespeare, de Gœthe, de Schiller, lorsqu’on veut les jouer aujourd’hui ? Parce que notre public de théâtre ne supporte plus toute une œuvre dramatique dans ce style, dans un pareil sujet. Si vous promenez trop la hache dans un joli bois vert au goût de Versailles, ce n’est plus un bois ; de même notre Shakespeare arrangé n’est plus Shakespeare.

Je vous en prie, n’écrivez pas de pièce ; laissez cela aux peintres décorateurs dans le genre de Laube, qui montrent tant d’adresse à découper des drames en pièces. Toute l’habileté au théâtre est aujourd’hui une habileté de tailleur en vieux ; cela plaît au public : les tailleurs en vieux ont donc raison.

Les hommes au coup d’œil élevé comme l’em-