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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

— Pardon, j’ai joué à la Bourse avec quelque bonheur : voilà tout.

— Je dois le croire.

— Vous le devez, Valéria, et il y a autre chose que vous devez faire.

— Quoi donc ?

— Vous taire.

— Qui peut m’y contraindre ?

— Moi.

— Par quels moyens ?

— J’ai l’intention de fonder un journal qui racontera des historiettes aussi morales que piquantes, pour faire connaître tous les scandales de la ville, tous les secrets délicats et pour châtier ainsi le vice en même temps que les imbéciles qui en sont victimes. M’avez-vous bien compris ?

— Très-bien, monsieur Plant ; mais il y a des moyens pour faire taire des journaux pareils.

— Certainement, c’est pour cela qu’il me paraît plus avantageux, pour vous et pour moi qui nous connaissons, qui nous savons en état de ne reculer devant rien, de nous épargner mutuellement.

— Je ne demande pas mieux.

— Je vous prie donc avant tout d’oublier que…

Plant s’arrêta. Les mots qu’il voulait prononcer ne pouvaient sortir de ses lèvres.

— Que vous avez été mon domestique, com-