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L’AMOUR À LA BOURSE

poursuivait sans relâche, en déployant toutes ses capacités, en imposant un silence complet à ses nobles sentiments.

Une nuit vint qu’il passa tout entière à compter.

Au matin, il rassembla son avoir, et lorsque Valéria, enveloppée de sa riche robe de chambre bordée de blanc, sonna pour son chocolat, il mit le plateau d’argent devant elle. Avec un sourire et d’un ton très-aimable, mais nullement soumis ou contraint, il lui demanda un moment d’entretien.

L’actrice comprit qu’il s’agissait de quelque chose d’important, d’inattendu.

— Parlez ! lui dit-elle d’un air vraiment royal.

— J’ai à vous prier, madame, de vous mettre aussitôt en quête de quelqu’un à qui je laisserai le plaisir de vous servir. Je vous quitte aujourd’hui même.

— Que t’arrive-t-il ? Je ne puis me passer de toi. Serais-tu… mécontent de moi ?

— Oh ! au contraire. J’ai regagné à votre service la somme que, dans un accès de folie amoureuse, j’avais sacrifiée pour vous, et je puis me passer du bonheur de votre voisinage.

— Ainsi, monsieur Plant, vous êtes redevenu riche en bien peu de temps ? répliqua Valéria contractant ses sourcils. Il faut que vous m’ayez largement volée.