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L’AMOUR À LA BOURSE

donnerez-vous, si je vous annonce quelque chose ?

Finkelstein ne le regarda pas même.

— Il s’agit de mademoiselle Olga, ajouta Gansélès, le tirant par la manche.

À cette déclaration, le banquier prit feu.

— Que savez-vous ? demanda-t-il vivement, en appelant près de lui le secrétaire, qui tendit la main et reçut une pièce d’or.

— Ce que je sais est connu de bien d’autres, chuchota Gansélès. Tous les matins, quand vous êtes à la Bourse, Monsieur le baron, un chef d’escadron de hussards va voir la belle mademoiselle Olga.

Finkelstein, le lion de la Bourse, qui, lorsqu’il est jaloux, ne craindrait pas dix régiments de hussards, à plus forte raison un unique chef d’escadron, se jette aussitôt dans la première voiture et roule vers sa favorite. À quoi cela lui sert-il maintenant d’avoir meublé pour mademoiselle Olga le plus charmant petit hôtel et de faire chaque jour l’admiration de tous les gens de bon ton en allant au parc, dans l’équipage à deux chevaux blancs fougueux où son odalisque, toute de blanc vêtue, adossée à de moelleux coussins, montre son minois piquant ? À quoi cela lui sert-il d’avoir escompté le paradis de Mahomet ? Il est joué, moqué, trahi.