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L’AMOUR À LA BOURSE

d’invention lui fournit bientôt les moyens et les personnes nécessaires pour pénétrer, invisible, dans le temple de Plutus.

À mesure que sa passion pour Valéria se changeait en haine, en dégoût, il était de plus en plus dominé par la pensée de rattraper son argent, et avec cet argent sa position dans la société.

Il volait son insouciante maîtresse avec un aplomb merveilleux ; mais pour devenir riche rapidement, il fallait qu’il introduisît aussi sa main dans la poche d’autres personnes, et il l’y introduisit avec beaucoup d’ardeur.

M. Steinherz, l’homme au gilet de velours, lui parut être l’individu dont il avait besoin. Cet enthousiaste ami de l’art avait cet épiderme en cuir qui est insensible à toute espèce de piqûres. Il ne s’écoulait pas de semaine sans qu’il vînt se présenter au petit palais de Valéria. Il n’était jamais reçu, mais il n’en parlait pas moins avec une incessante admiration de la « sublime actrice ». Son bonheur était d’obtenir de la bouche du domestique des bribes de renseignements sur l’intérieur de la comédienne, son genre de vie, ses habitudes, ses nouveaux rôles, ses nouvelles toilettes, et de jouer à l’homme initié, dans son entourage à lui.

— Tout le monde cherche à faire fortune à la Bourse, dit un jour Valéria à Plant ; je voudrais,