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LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Les petites gens perdent ainsi tout leur bien ; mais qui s’en inquiète, qui se soucie de la ruine de milliers d’honnêtes familles allemandes ? Les puissants bâtissent des palais, et le sang de ceux qu’ils ont volés se mêle au mortier. Et tout cela se fait avec un cynisme, une grossièreté que nous cherchons en vain dans les autres nations. En pareil cas, le Russe reste affable, l’Anglais garde sa dignité, le Français ne perd point cette élégance, cette grâce, cet élan qui le distinguent si particulièrement, tandis que chez nous le manque d’honneur s’étale nu, sans honte, sans vergogne, affreusement vulgaire.

Quiconque est encore honnête dans ce monde de mensonge, de jeu traître, quiconque gagne encore son argent honnêtement, travaille pour son pain de chaque jour, est regardé du haut en bas par les exploiteurs effrontés, tourné en ridicule et même méprisé.

C’eût été un miracle bien plus grand que celui qui s’opère à Naples avec le sang de saint Janvier, si Plant, cet Allemand modèle de notre époque, n’avait pas subi lui aussi l’influence de la maladie du jeu.

Assurément sa position exigeait de certaines précautions ; un domestique ne peut guère se montrer à la Bourse ; mais son infatigable esprit