Page:Sacher-Masoch - Les Prussiens d’aujourd’hui, 1877.djvu/532

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
122
LES PRUSSIENS D’AUJOURD’HUI

Il se souvint alors de ce talent qu’il possédait, découvrit un tailleur qui le transforma à nouveau en homme à la mode, et se remit à la recherche de ses anciennes connaissances.

Il revint vers Rosenzweig, Bärnburg, Oldershausen, et par leur intermédiaire refit tout d’un coup partie de la coterie aristocratique. On n’ignorait pas sa conduite, dans ce monde, mais il n’avait rien fait d’incompatible avec sa noblesse ; on n’y regardait pas donc de trop près. Si l’on avait su qu’il avait travaillé quinze jours chez un notaire, c’eût été bien différent. On ne lui aurait pas pardonné cet oubli de son rang.

Keith commença par le billard et finit par la roulette. La queue qu’il maniait bien, lui rapporta tellement en peu de jours, qu’il put s’installer élégamment une fois encore et embellir sa petite femme de ces colifichets par lesquels le monde se laisse si facilement tromper.

Il fit de sa nouvelle demeure une véritable maison de jeu. Sa femme coqueta avec les cavaliers qui se réunirent chez lui, et lui, pluma ces mêmes cavaliers.

Ce fut ainsi que le couple à la mode reconquit sa situation dans le monde et retrouva le bonheur. Pour combien de temps ?